
Jean-Baptiste, comment est né le Grand Huit de Joinville-le-Pont ?
Tout a commencé à Lille début 2012. A cette époque-là, j’ai perdu mon boulot et changé de vie. Je me suis retrouvé dans un moment un peu unique où, libre comme l’air, je me suis demandé ce que je pourrais faire de marrant et qui changerait de mon job précédent. J’avais pris un appartement au bord de la Deûle dans le centre de Lille, j’aimais le tourisme, j’aimais l’idée de la nature en ville… Et puis en mai, je vais à Londres, et là je découvre qu’on peut y faire du paddle, en pleine ville, sur un petit canal tout près de la Tamise ! Je me suis inscrit, c’était la première fois que je faisais du paddle, et j’ai trouvé ça très drôle, très amusant. J’ai eu un coup de foudre pour ce sport, et ça m’a inspiré. Je me suis dit : si on fait du paddle à Londres, on va créer une association pour faire du paddle à Lille. C’est comme ça qu’est né le club du Grand Huit à Lille, en 2012.
Quand le Grand Huit est-il arrivé sur Joinville ?
Dès l’année suivante, en 2013. Je connaissais bien Paris, ma fille y habitait, et j’avais remarqué qu’il n’y avait pas encore de club de paddle à Paris. Alors j’ai pris mon vélo et j’ai vadrouillé le long des cours d’eau proches de Paris. Je cherchais un endroit avec un cadre attractif, proche d’une station de métro ou de RER, avec cette volonté de pouvoir faire du stand up paddle sans avoir besoin de prendre sa voiture. Et à vrai dire, c’est tombé assez naturellement sur Joinville-le-Pont.
« Au-delà du cadre, Joinville, c’est aussi le berceau des sports de pagaie : on parle des guinguettes, des canotiers des bords de Marne, des clubs d’aviron… »
Jean-Baptiste de Gandt, fondateur du Grand Huit
Quelle est ton ambition à ce moment-là, en créant le premier club de paddle autour de Paris ?
C’est le rêve de faire connaître le paddle en ville, à des gens qui n’en ont jamais fait, dans un endroit chouette, autour d’une association qui puisse être pérenne… C’est aussi fonder un club sportif, affilié à la Fédération française de surf, où l’on peut s’entraîner et participer à des compétitions. Et puis c’est développer une philosophie, qui consiste à éviter le fait de prendre sa voiture pour aller faire du sport.
Ça a vite marché ?
Quand on a lancé le club à Joinville, j’ai commencé par distribuer des tracts à la sortie du RER. On proposait aux gens de faire une session de paddle pour 5 euros, puis même gratuitement… Et personne ne voulait venir ! Alors j’ai insisté auprès de quelques copains pour venir faire du paddle avec moi, et puis petit à petit, le stand up paddle a commencé à faire parler de lui, et notre activité s’est développée naturellement au fil du temps.

Parle-nous du spot de Joinville !
Joinville, c’est la Marne et la nature à deux pas de Paris ! La qualité environnementale est très intéressante : la biodiversité est bonne, la qualité de l’eau aussi, on a une trentaine d’espèces de poissons différentes, des martins-pêcheurs… Et puis on peut venir en vélo depuis Paris, il suffit de traverser le bois de Vincennes. Bref on vient ici pour se détendre.
« Notre premier bonheur, c’est d’accueillir tous les week-ends des Parisiens qui découvrent qu’ils peuvent faire une activité zen, glisser tranquillement sur l’eau, profiter de la nature, en même temps qu’ils découvrent le canal de Polangis, le tour de l’île Fanac… »
Jean-Baptiste de Gandt, fondateur du Grand Huit
A quoi ressemble le club aujourd’hui ?
D’abord, le Grand Huit est présent à Lille et Joinville, mais aussi à Amiens depuis 2019 et à Lacroix-Saint-Ouen près de Compiègne depuis 2020. Aujourd’hui le club compte à peu près 150 licenciés qui pratiquent le paddle régulièrement, dont 80 environ à Joinville.
A Joinville, on a un camp de base avec deux cabanons en bois. Ça nous permet de stocker du matériel, de se changer, de laisser ses affaires pendant qu’on est sur l’eau…
On est obligé d’adhérer au club pour venir faire du paddle au Grand Huit ?
Non ! On peut très bien venir au Grand Huit quand on n’a jamais fait de paddle, ou quand on veut en faire comme ça une fois de temps en temps. On est ouvert les samedis et dimanches après-midi de mai à septembre. La balade est encadrée, et le tarif est de 29 euros.
Et si on veut adhérer et pratiquer régulièrement ?
Pour venir pratiquer régulièrement, ça se passe tous les dimanches matin à 10h30, toute l’année, sauf en période de crue ou en cas d’alerte météo. Et c’est possible aussi le samedi après-midi de mai à septembre ou le dimanche après-midi d’avril à octobre. La licence ne coûte que 30 euros par an (la licence compétition coûte 40 euros), et l’adhésion au club est à 25 euros. Ensuite, pour celles et ceux qui ne veulent pas venir avec leur propre matériel, ou qui n’ont pas encore de paddle, il est tout à fait possible d’utiliser le matériel du club, pour un forfait de 103 euros pour un an.

Certains viennent plutôt pour faire du paddle en mode tranquille, pourquoi pas faire un peu de paddle yoga de temps en temps quand il fait beau… Et d’autres viennent pour faire du paddle en mode sportif, pour vraiment ramer, se perfectionner, se préparer à des courses. Avant le Nautic Paddle de Paris par exemple, on fait de vraies sessions d’entraînement, avec des coachs différents.
On constate tous qu’il y a de plus en plus de pratiquants de stand up paddle en France. Quel regard portes-tu sur l’essor de notre sport ?
Pour moi, le paddle plaît et se développe car c’est une belle activité, qui permet de redécouvrir la nature. C’est un sport qui ne pollue pas, qui ne demande pas beaucoup de matériel, qui n’est pas blessant physiquement, et qui est vraiment accessible à tous. Et les gens réalisent qu’on n’en fait pas qu’à la plage, mais qu’on peut très bien en faire sur les eaux intérieures.
« Personnellement, je pense d’ailleurs que c’est beaucoup plus sympa et beaucoup plus drôle de faire les hortillonnages d’Amiens ou les guinguettes du bord de Marne à Joinville que de se faire chahuter par les vagues et par le vent sur la mer… »
Jean-Baptiste de Gandt, cofondateur du Grand Huit
Et puis ce qui est chouette, c’est que les planches sont devenues gonflables et accessibles en terme de prix. Tout le monde peut acheter son paddle, et mettre son sac dans le coffre ou prendre le train avec, et aller faire du paddle où il veut. C’est une super nouvelle, puisque ça permet de démocratiser vraiment le stand up paddle. Il y a des gens qui n’en ont rien à faire d’acheter une licence et de pratiquer le paddle régulièrement comme un sport, mais qui, grâce à cela, peuvent en faire tranquillement quand ils le souhaitent, et ça me plaît tout autant !
Curieusement, la pratique véritablement sportive du stand up paddle ne semble pas se développer beaucoup…
Oui. Tu prends les championnats de France il y a six ou sept ans : il y avait en gros 80 participants. Tu prends les championnats de France en 2021 : tu as toujours en gros 80 personnes. Je trouve ça dommage, bien qu’en tant que club on a œuvré pour ça. Et à vrai dire, je ne sais pas trop pourquoi ça ne prend pas.
Pour conclure, quel message adresserais-tu à celles et ceux qui débutent ou voudraient essayer le stand up paddle en Ile-de-France ?
D’abord que c’est un très beau sport, zen, facile, accessible… J’aime bien voir que des gens partent avec leur paddle découvrir des cours d’eau comme l’Yerres, le Loing, le Grand Morin… Il y a des balades super chouettes à faire dans notre région. Il ne faut pas avoir peur d’explorer de nouveaux endroits.
Mais je dirais aussi que c’est une activité physique sérieuse, et qu’il ne faut pas faire n’importe quoi. Ce n’est pas un simple engin de plage, sur lequel on s’amuse à monter à deux ou trois pour tenir en équilibre et se jeter à l’eau. Ramer ça s’apprend, ça se pratique. Donc quand on fait du paddle, on fait attention aux autres utilisateurs de la voie d’eau, aux bateaux bien sûr, on fait attention à la météo et au vent aussi… Bref on s’amuse mais en essayant de le faire sérieusement !
➡️ Le Grand Huit est situé au 1 quai Grabriel-Péri, sous le pont de Joinville. Renseignements et réservations sur le site internet du Grand Huit, sur la page Facebook du club ou par téléphone au 06 08 25 74 91.
Bel interview qui donne envie. Merci. Mon frère Jean Baptiste et l’asso Le Grand Huit sont bienveillants, zen et dynamiques !
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